Mon club équestre ferme quand je suis au collège. Je ne me souviens pas bien de l’année. J’y passais tous mes mercredis après-midis. Arriver le plus tôt possible pour aller chercher les shetlands au pré, panser les chevaux, prendre le temps avec eux. Faire la séance de monte en manège, carrière ou balade et prendre encore plus de temps à les panser le soir. Je préférai rester dans la stale de Grenadine plutôt que d’aller au goûter dans la salle du foyer.
Je ne retrouve pas cette ambiance. Ce plaisir d’être avec les animaux toute la journée. L’autonomie. Le plaisir de panser. Finalement, je préfère presque plus panser que monter.
Des années à projeter sans jamais oser monter à nouveau. Enfin, si, un vieux cheval borgne, à cru chez une amie en 2015. C’est là que je me fais un mal de dos qui durera un an, roadtrip sac à dos au Canada inclus, évidemment.
A chaque déménagement, chaque changement de vie, je me dis que c’est le moment. Et puis je culpabilise (oui, c’est incompréhensible) de ne pas avoir repris plus tôt, j’ai peur du regard des autres et de mon niveau. Plus je vieillis, pire c’est.
Et puis fin mars 2022, Fuck, je prends la carte, le téléphone et j’appelle un centre des environs pour un cours particulier.
Bim, rdv le 1er avril (et ce n’est point une blague).
J’arrive en suivant le GPS qui correspond aux explications de la propriétaire, Isabelle, que j’ai eu au téléphone. Je me demande néanmoins si je suis au bon endroit. Je m’attendais à un parking, un endroit aménagé. J’arrive devant un portail qui donne directement sur les boxes et ce qui semble être la maison.
Isabelle me mets à l’aise. On verra plus tard pour le paiement. Je gare ma voiture en plein milieu. On contournera avec les poneys. Je suis vraiment au coeur.
« Avancez, les écuries sont là, je vais chercher le poney et j’arrive. »
J’avance, j’entre dans l’écurie couverte où 3 ou 4 boxes couverts et la sellerie se trouve. L’odeur du crottin, de la paille et de la transpiration équine, si particulière me font remonter les souvenirs en même temps que les larmes aux yeux. Que d’émotions. Les portes sont vertes. C’est une couleur que j’aime et qui me plaît.
Isabelle revient avec « Windoz », 11 ans au compteur. Il est blanc. Il ressemble à Grenadine, la tâche rose en moins, le tour des yeux plus noir, la crinière plus ondulée. C’est qu’il a son petit caractère Windoz. Mais je suis contente de le voir. Pas trop haut. Duveteux. Tranquille. Ce n’est pas le coup de foudre, mais presque, j’ai un bon pressentiment.
Je réapprends tous les gestes et les mots. L étrille à contre-poils, le bouchon ensuite. Windoz perds sa robe d’hiver suite aux chaleurs de la semaine passée. Les touffes blanches jonchent très vite le sol. Je n’ai pas oublié non plus comment curer les sabots, mes brosser.
Isabelle va chercher une ponette, afin de me montrer. Comme je n’ai pas monté depuis longtemps, c’est plus simple. On discute. Le contact est assez facile. J’apprécie sa délicatesse quand elle ne pose pas de question sur les raisons de mon arrêt et ma grande disponibilité en ce moment. J’apprends que de son côté, elle gère seule, un club de 30 bêtes, les réfections des bâtiments, les reprises du mercredi et du samedi et des cours particuliers tous les jours ou presque. Je suis impressionnée par cette femme qui semble passionnée et dévouée à ses chevaux.
Vient le moment de seller. J’ai honte. Je suis terriblement gauche avec le matériel. Finalement Isabelle propose de me montrer cette fois ci. Je n’avais jamais mis d’amortisseur sur me dos d’un cheval. Amortisseur, puis tapis, on degarotte, puis selle, on degarotte. Attention à la sangle la tenir en passant sous l’encolure du cheval pour l’accrocher. Seulement un cran, on resserra plus tard. Ok. Le filet maintenant. On attache le licol à l’encolure, regard dans la même direction. On passe les oreilles, puis le mord et la muserolle. Un tranchant de main sous la gorge, 2 doigts pour la muserolle. Noté.
Va arriver le moment de se rendre à la carrière. Le sable est très blanc. Comme Windoz et comme la luminosité et le ciel bas. Soudain, tandis que je marche avec Windoz pour nous échauffer, tout en lui parlant et essayer de créer un lien, il se met à neiger de gros flocons. Isabelle me dit qqque c’est la première fois qu’elle donne un cours sous la neige ! Et moi, je me souviendrai de cette reprise !
Je monte. Les réglages de sangles se font à cheval. Je ne l’avais jamais fait. Je crois que le prof venait le faire pour moi… Mystère, ma mémoire me fait défaut sur ce coup là. C’est rare ! Hop, on est partis. Isabelle devant moi. On marche. Je reprends les sensations. Le pas du cheval, les pieds dans les étriers, le dos à garder droit. La cravache m’incommode.
On parle, au pas. De la vie. Je m’ouvre facilement à elle. Je pensais avoir dit que cela faisait 15 ans que je n’avais pas monté. Visiblement elle est surprise en me disant que j’ai de bons restes. La légende et dit pas si c’est pour flatter le client ou réel. Peut être pourrait je en tirer des conclusions à l’avenir.
Difficile de gérer les rênes et la cravache en même temps. Quand on part au trot en levé, je retrouve la surprise de mes premiers galops. Pas de peur, juste un équilibre et un rythme à retrouver. J’ai presque le souffle coupé. Isabelle me parle mais le vent m’empêche d’entendre. Et l’attention sur tous ces stimulis aussi : windoz qui éternue, les flocons fondants qui tombent, le froid sur mes doigts, la secousse, mon poids dans la selle et sur le dos de mon pauvre destrier, le pas lourd de windoz, les secousses, se diriger ….
Et puis ça revient. On parvient à changer de main, faire des voltes. Puis, Isabelle se place au centre de la carrière et me laisse seule sur la poste. Et là, j’ai l’impression de ne jamais avoir su monter. J’apprends vraiment. Pression longue, relâchement et pression pour partir au trot. Se caler sur l’épaule extérieure pour savoir quand se lever ou s’asseoir, jambe extérieure à l’arrière et jambe gauche à l’avant qui donne le signal pour le galop. Je n’ai plus un poney de reprise qui suit les copains. Je monte.et j’apprends à être cavalière. Je découvre aussi que je n’ai plus du tout de muscles et de force dans les jambes. Sur la fin, je n’arrive pas à partir au galop, non pas parce que windoz en a marre, tout simplement parce que je n’ai pas assez de force pour donner ma pression nécessaire dans les jambes et la garder lorsqu’il galope. Et que c’est beaucoup d’information à gérer sans me laisser guider.
Pas de galop pour la première, ce n’est pas la peine de s’acharner, je suis déjà fière d’avoir réussi à monter à nouveau. Réussi à trotter. J’ai le goût à nouveau de l’effort, de l’extérieur, de l’animal, de me documenter. C’est très très positif. J’ai même envie d’aller aider Isabelle à récurer les boxes bénévolement. À voir si on sympathise et qu’elle m accorde sa confiance.
Je m’en veux un peu de ne pas avoir mis de pomme ou de carotte dans ma voiture pour récompenser mon nouveau copain pour ses efforts. La prochaine fois je n’y manquerai pas.
J’apprécie de pouvoir le brosser après la séance, et j’aurais bien passé un peu plus de temps à le faire d’ailleurs. J’ai du mal à partir. J’espère pouvoir passer plus de temps avec les chevaux.
Sortie de ma zone de confort plus que fructueuse. Je rentre enjouée, enthousiaste, excitée comme une enfant. Je suis fière de moi. Je me sens bien. J’ai une énergie folle… Et un contrecoup de la nuit blanche et de l’appréhension assez violent : après midi coucher ! Trop d’émotions et d’éléments d’un coup !
Alors à tous les cavaliers qui passent par là et ont des sources pour recommencer depuis les bases, je prends !
Parce que ça me tient à coeur et que je pense partager mes apprentissages, la rubrique cavalière va donc s’ajouter…. J’hésite encore à la ranger dans « curieuse » , » médiévale » ou a part.


Merci pour ce partage de reprise! Je crois qu’il faut juste y aller à ton rythme, les bases vont revenir peu à peu.
J’ai passé une dizaine d’années aussi sans monter à cheval et qu’est-ce que ça m’a manqué. Aujourd’hui je ne monte que l’été mais j’espère reprendre un rythme plus régulier très prochainement même si comme toi j’ai tellement de souvenirs que je ne sais pas comment je gérerai dans un nouveau club avec des nouveaux chevaux que je ne connais pas.
Mais quand la passion est là, rien ne lui résiste!!
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