Sous les jupes des filles

J’aime tellement cette chanson de Souchon. Et pourtant, quand la lentille d’un téléphone se glisse dans votre intimité, ce n’est pas du tout le même sentiment…. Surtout si ce n’est pas une rétine mais que l’image est fixée, enregistrée potentiellement partagée.

Un samedi classique entre copines, sortie piscine spa. Détente optimale. Rires et bons moments. Juste avant de poursuivre les festivités, passage en cabine pour se sécher et se rhabiller.

Et là, qui dépasse de la cabine voisine, non pas un pied ou une chaussette, ni même une culotte ou une serviette. Non, ce qui dépasse, c’est un téléphone. Et l’objectif de ce téléphone. Rivé sur moi.

Un accident ? Pas avec le téléphone en équilibre comme ça. Devant ma mine choquée, il a vite fait de s’échapper avant même que j’ai le temps de l’attraper. Que faire ?

Depuis combien de temps était il là à m’épier ? A voler mon intimité. Ce que je fais à l’abri des regards. Qu’a t il vu ? Qu’a t il capturé ? Pire… Qu’a t il partagé de moi à mon insu sans mon consentement ?

Je sors le plus discrètement possible de ma cabine et m’assoie proche en scrutant la porte voisine de la mienne. Derrière moi, une petite fille prend ma place, et j’espère qu’il ne va pas recommencer.

J’avertis en chuchotant mon amie qui sort à son tour. Je ne sais que faire. J’en viens à douter de ce que j’ai vu.

Un ami de mon voisin de cabine vient toquer  » mec, t’es pas encore habillé mais qu’est ce que tu as foutu ?  » J’ai bien une petite idée de la raison de ce retard et de ce qu’il a foutu.

Il sort enfin et passe devant moi. Un mec rond, banal, un ado. Sur le coup, je me dis qu’il doit avoir 18 ans. Un mineur, ça ne peut pas entamer à ce point le bien être et l’intégrité d’une adulte.

J’ai les jambes flageolantes. Je n’ose pas le confronter. Il va nier et partir. Je n’aurais pas de recours. Ça ne va servir à rien à part me faire plus mal encore et m’humilier en me faisant passer pour une parano.

Je me brosse les cheveux sans le lâcher du regard. Il reste là devant moi aux sèche-cheveux. Il ne fuit pas, mais ne semble pas surpris que je le fixe. Je regarde ses potes. Se sont ils envoyé des photos ? Ont ils fait un concours ? Mon cerveau vrille.

Je vais le laisser partir. Je ne me sens pas capable de le confronter.

Un homme le bras en écharpe arrive et les apostrophe  » bravo, sympa d arroser les gens qui dorment. Ne faites pas les surpris vous savez très bien ce que vous avez fait. » Et je me dis que si lui ose leur dire leurs vérités, je peux le faire.

Mon voyeur passe devant moi et pousse la porte. Je prends mon courage à deux mains .

Il fait le surpris. Je tiens bon. C’est rassurant de voir les copines pas loin, prête à me secourir. Il me propose de voir sa galerie. Je vais me rassurer. Peut être me suis je trompée !

Il essaie de passer la première image vite, pas assez pour moi. Je vois ma culotte et mon sein. Heureusement, ma tête est coupée. J’en viens à douter. Est ce mon corps ? De toute façon, si ce n’est pas moi malgré la même couleur de culotte, c’est bien la cabine de piscine, c’est bien pris à la sauvette et si ce n’est pas moi, c’est une autre femme dont l »intimité est violée . C’est moi. Je lui demande si c’est sa culotte et son sein. Je suis en colère. Et je n’arrive pourtant pas à être plus virulente. J’ai peur, je me sens molle.  » C’est pas vous madame  » droit dans les yeux. Quel affront. Je tiens bon et supprime la photo. Il finit par avouer. J’ai l’impression d’avoir un de mes élèves qui essaie de m embobiner piteusement.

Pendant l altercation, ma seconde amie a eu la bonne réaction d’aller prévenir l’accueil. Et la personne de l’accueil a tellement bien réagi. Je me suis sentie soutenue, comprise, crue. Deux maître-nageurs me soutiennent.

Elle prend mes coordonnées, ceux du gamin qui s’avère être mineur et n’avoir que 14 ans ! Je me suis faites espionner par un ado se 14 ans ! Comment est ce possible ?! Ça me met un coup. Je me rends compte que ma main tremble quand j’écris mes coordonnées.

La personne de l’accueil appelle les parents du garçon.

Elle voit que j’ai les larmes aux yeux et ne tient pas à attendre l’arrivée de ces derniers.

Je pars.

Je ne sais pas si je porterai plainte.

En tout cas, je me suis sentie très mal. J’ai peur que des images de mon corps soit déjà sur le net ou que d’autre puber se touchent sur des images volées de moi.

Je suis dégoûtée. Médusée. Sidérée.

Je ne suis pas du tout pudique. A l’aise avec mon corps, j’ai déjà posé nue et ne suis pas contre le topless. Là, ce qui me dérange c’est qu’un ado ai pu voir mes mouvements et mon intimité quand je pensais être seule. Et que des images non consenties se baladent sur le net.

Serais je vraiment une personne  » dégueulasse  » de porter plainte, parce que j’ai mal et que j’en pleure? Parce que je pense aux adolescentes que peut être il pourrait intimider. Que si moi ayant le double de son âge je l’ai presque laissé filer, comment pourraient elles lutter elles ? Et dans quel état se sentiraient elles? A 14 ans, une plainte n’ira pas bien loin, mais le coup de pression peut lui passer l’envie de recommencer. Et me protéger peut être en cas d’images divulguées.

Comment tolérer que d’autres filles puissent se sentir mal comme ça ? Même si c’était par curiosité et bêtise ?

Difficile de prendre cette décision. Et je me dis que ce n’est même pas un viol… Je n’ose tellement pas imaginer…

Bref. Ce weekend, un ado m’a espionné dans ma cabine et je me sens mal.

Certains diront que ce n’est pas grave. Et ça ne l’est peut être pas… Ou bien si ?

Ça va passer. Tout passe.

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