Janvier 2020, burn out, effondrement, arrêt. Boum. J’ai la chance de tomber sur un psychiatre ayant travaillé à l’hôpital, un psychiatre compréhensif et consciencieux. Un psychiatre qui m’adresse au centre de l’anxiété le plus proche. Il n’y en a que 3 en France. Et le thérapeute que je rencontre, est le seul à mener cette approche.

Premier rdv, je suis au bout du roulot, je me traîne difficilement jusque là bas. J’ai honte, j’ai peur. Aller dans un centre hospitalier psychiatrique, ça coûte, ça pèse. On a peur de ne pas être  » assez  » atteint. De déranger. D’être jugé. Et puis j’entre dans la pièce.

Je suis surprise par cette pièce spacieuse avec 3 matelas au sol, une chaise à massage à côté de la fenêtre, une chaise au centre de la pièce, pour moi. Le bureau est contre le mur, le thérapeute s’en détache quand il est en séance. Le bureau ne sera pas entre lui et moi. Et la vue de cette chaise, seule, me laisse vulnérable, à vue, dans le vide de cette pièce.

Cycle 1 – apprivoiser l’anxiété par le corps

Le thérapeute est doux, il ne me brusque pas. M’explique comment nous allons procéder, ensemble. Je mène la danse. En fonction de mes besoins, nous travaillerons à me donner des outils pour atteindre mes objectifs. Des notations servirons à mesurer, quantifier les progrès ou non en fin de chaque cycle, un cycle durant 5 séances, de préférence hebdomadaires.

Mener la danse, ça me dérange. J’ai tout juste la force de suivre ce qu’on me demande de faire, alors prendre des décisions… Il me dit que c’est important. Alors j’essaie de dire oui en pleine conscience. Je suis volontaire et c’est déjà ça non ?

Ce qui me frappe, c’est que je peux choisir où positionner ma chaise et jusqu’à régler la luminosité de la pièce. Je suis reconnaissante de cela. Les néons m’agressent. Au fil des séances, je m’apaise et me détend, la lumière est moins gênante. On règle selon l’humeur et la fatigue. Des détails qui ont pourtant résonné en moi et ont leur importance dans les paradoxaux lâcher prise et mise en action dont j’ai fait preuve.

J’ai trop tardé, et déjà, je ne me souviens plus du nom du premier cycle… En tout cas, je suis l’ombre de moi même, bourrée d’ondes négatives , de culpabilité, de peurs, de tristesse.

Je suis très bloquée dans ma tête. Littéralement. Le thérapeute m’invite à prendre conscience de mon corps. Et l’objectif des 5 prochaines séances, va être de ressortir mon mal être, mes angoisses, mes peurs, par le corps, plus que par la parole.

J’ai très peu de souvenirs de ce premier cycle, parce que les 2 premiers mois d’arrêt ont été un gros nuage gris opaque entre sommeil, crises d’angoisses, de larmes, désespoir et sommeil. Néanmoins, je me souviens que ces séances me permettait de m’accrocher à une routine. Et me procurait beaucoup de bien.

Chaque séance présente une partie d’échange verbal et une partie de pratique. La pratique physique peut s’apparenter à mon sens dans ce premier cycle à de la méditation guidée.

Je ne sais plus la phrase. Je ne me souviens plus la façon dont ça a été amené. En tout cas, j’ai eu la surprise de remarquer qu’effectivement, mes peurs, mes angoisses, mes blocages avaient des spots de préférence dans mon corps et que de nombreuses douleurs étaient liées à des tensions de l’esprit. Et à la fin d’une séance, entendre la voix du thérapeute dire une phrase comme  » laissez partir cette peur  » et sentir mon corps se relâcher à l’endroit ciblé. Sentir la boule dans ma poitrine remonter le long de ma gorge et se dissiper.

J’apprivoise mon propre corps, j’apprends à ne plus penser.

En début de séance, en début de cycle même, on pose une note sur la difficulté à atteindre l’objectif. Je tourne autour de. 7 ou 8 sur 10 de difficulté pour gérer les crises et me sentir un peu mieux.

Au bout des 5 séances, cela s’abaisse à 4 ou 5. Je n’arrive toujours pas à faire de choix, je me retrouve avec des virgules dans mes notations.

C’est dommage que le souvenir soit flou, ce sont les jalons solides de la suite du travail que je constate aujourd’hui sur la durée.

Cycle 2 – trouver l’espace de sécurité intérieur

Cycle 3 – préparer une reprise plus sereine