Canada final – Vancouver, dernière étape

Vancouver 24/10/15 jour 52

Le réveil est doux. Nous pouvons tracer la dernière partie du périple sur la carte et prendre conscience de ce que nous avons parcouru.

A la découverte de Vancouver! Malheureusement, le vieux quartier est mal fréquenté de jour comme de nuit. Tant pis. Nous arpentons la célèbre Canada place et le trail. Une belle vue sur les arbres d’automne de Stanley Park, les hydravions, l’ile de Vancouver et les buildings . La fatigue se fait sentir. Nous errons dans les rues, un peu de shopping. Vancouver, c’est une atmosphère, pas de réel monument. Un mélange entre luxe, raffinement et grunge, destroy punk. Curieuse ville aux différentes influences. Elle ne lasse en tout cas pas indifférente !

L’air du Pacifique me fait du bien. Je l’aurais au moins vu une seconde fois dans ma vie. Nous sommes en fin de saison d’observation des baleines et je prends la triste et lourde décision d’économiser 135$ et de ne pas voir d’orques sauvages. J’irai à l’aquarium à la place, moins fun mais plus raisonnable budgétairement. Je me promets de revenir à la bonne saison pour faire de l’observation en kayak et peut être même pousser jusqu’en Alaska. Nous faisons nos plans de la semaine, sommes invitées à bruncher dimanche avec Mathew et sa femme, le neveu de Brian d’Ottawa.

Vancouver 25/10/15 jour 53

Difficile à cette étape du voyage de se tirer du lit à 8hun dimanche pour se rendre au resto à l’extrémité opposée de la rue, surtout à l’échelle de la ville. Nous avons RDV avec Mathew et sa femme Karen. Je ne sais pas à quoi m’attendre. Un couple arrive en même temps que nous, mais comment savoir? Nous attendons, et Mathew sort nous chercher. C’était bien eux. Entre quarante et quarante cinq ans, ingénieur, légère paralysie faciale, je ne peux lire sur ses lèvres. Il a un physique somme toute banal. Karen, chimiste, semble sûre d’elle. Nous prenons un café et Romane mène la discussion. Les raisons de notre venue, notre périple… Le petit déjeuner arrive. Cela fait deux semaines que nous n’avons pas mangé à une vraie table un repas comme celui ci. Le cadre est sympa, les serveuses gentilles. Nous repartons en bus. Celui que nous prendrons pour éviter d’affronter la misère de ses pauvres gens sales, effrayants, drogués et en détresse tout le long de Gore street. J’ai vu la drogue, la maladie, en face à face, sans prévention. Cette femme bras nus dans le froid, livide et sale, à boire le regard dans le vide le fond de sa bouteille. Ces hommes aux cheveux longs et filasses, aux rides marquées plus que leur âge ne devrait les laisser paraitre, aux vêtements dégoutants. Des dizaines de personnes au ralenti, tels des zombies courbés et titubants, installant leurs affaires à même le sol et parlant pour eux même. La peur. La vrai. C’est d’affronter cette misère tous les jours en me demandant, comment des humains peuvent en arriver là, comment on peut laisser faire ça, si on va se faire agresser ou voler. Hier, j’ai vu un dealer mettre un cadenas sur une benne à ordure et des échanges suspects. La ville sent la weed à de nombreux endroits. Je suis soulagée d’être réfugiée dans le bus; Atterrée de ce que je vois à travers la vitre.

Nous passons l’après midi à Granville Island au marché et faisons les boutiques. A la tombée de la nuit, nous passons devant Gladstone l’horloge et Waterstreet. J’entends les gens hurler, les bruits des caddies de sans abris, les délires de malades. Même le briuit des tuyaux de l’hôtel joue une musique angoissante. La fatigue prend le dessus.

Vancouver 26/10/15 jour 54

La matinée au lit est nécessaire. J’apprends le naufrage d’un bateau de whale watching au large de Tofino. Je n’aurais pas pris cette compagnie mais le destin est avec moi.

Nous nous trainons à l’extérieur après de longues discussions sur nos avenirs respectifs. Je suis à la fois pleine d’espoir et de peur. Nous verrons.

Stanley park est une presque ile, un énorme appendice de la ville aussi grand que le downtown. Nous faisons le tour de la pointe, le long du Pacifique, jusqu’au sanctuaire des Totems indiens, passons par le lac des castors et revenons. Exténuées. Dans mon esprit, la couleur des arbres d’automne, l’odeur des chevaux, des arbres humides, des embruns du Pacifique, tout cela s’inscrit en moi.

La journée s’achève dans la tranquillité de jeux de cartes, lecture et méditation autour d’un café.

17/10/15

A notre habitude ici, nous passons la matinée à l’hôtel. Vers 11h, sortie dans le centre ville en quête de Féminité. Après mon baptême chez Victoria Secret, nous passons par l’office de Tourisme. Le rogue café nous donne vraiment envie et nous craquons pour un déjeuner succulent : pavé de saumon à l’érable et aux cramberries, champignons et pommes de terre. Je recommande ! Je savoure ma première bière. 6 semaines sans alcool aucun.

Nous prenons ensuite le taxi bus sur l’eau qui nous mène à la partie de la ville en face sur l’autre bras du Pacifique qui découpe la ville. Puis nous enchainons avec un autre bus vers la Groose Mountain. N’ayant rien de mieux à proposer, je me dis que la vue sera belle et même si les 45$ à l’arrivée me fond mal, je sais que ce seront les derniers dépensés. Comparé aux Rocheuses, la vue est moyenne, néanmoins, je garde une impressions agréable de l’ile, l’ascension, c’est une bonne conclusion. Il y a un domaine skiable l’hiver ici.

En nous baladant, j’aperçois un panneau pour comparer sa taille à celle de différents ours. En voyant son regard au delà de ma tête, je me retourne et mon regard rencontre deux grizzlis, en enclos. J’espère qu’ils sont enfermés à cause de soins ou de reproduction et non pour être simplement exhibés aux touristes. Tout est fermé, personne pour répondre à mes questions. Je déteste les personnes qui parlent fort et sifflent les ours comme des chiens domestiques. Heureusement, ils se lassent vite et partent. Je peux enfin admirer avec Romane ces beaux animaux en paix. Ils ressemblent exactement à ceux de frère des ours. Oui j’ai osé cette comparaison! Mon imaginaire et mes représentations oniriques, que veux tu. Ils se rapprochent. Je me retrouve à 1m d’un grizzly, de ses griffes, d’au moins 5 cm et de sa machoire aux dents acérées. Ma pochette de telephone se referme dans un bruit comique. je ne veux pas prendre de photo. Juste soutenir le regard de l’ours qui me fixe de ses petits yeux noirs. J’entends son râle. Je pense à ce qui se passerait si le simple grillage entre nous n’était pas electrifié. secrètement, malgré mon rythme cardiaque accéléré, mon souffle plus court, je me dis que tout irait bien et qu’il ne me veut aucun mal et saurait sentir que je ne lui en veux pas non plus. Je représente cependant un danger inconnu pour lui. On ne sait jamais. Romane et moi restons longtemps, dans un espace déconnecté de toute mesure du temps, face à ces deux ours qui nous regardent, nous sentent et nous font confiance en mangeant frontalement. Les chinois irrespectueux et sans émotions reviennent, ils m’exaspèrent. Je ne suis pas la seule. Immédiatement, le couple de grizzlis se retourne et file se cacher entre les sapins. Je suis satisfaite. Respecter la nature et les animaux, le don de leur présence, est une priorité.

C’est une belle journée.

Jour 56

Après une matinée devant Beethoven 1 et 2, le Saint Bernard qui me rappelle mon enfance, je vais à l’aquarium de Vancouver. Romane m’accompagne jusqu’à l’entrée mais ne rentre pas. Je me retrouve comme dans mes premiers voyages en solitaire. J’apprécie cette solitude autant que la présence rassurante et agréable de Romane qui me manque tout de même.

L’aquarium est moderne mais pas aussi grand que je l’espérais. La statue à l’entrée est la même quand dans Sauvez Willy. Je me demande même si ça n’a pas été tourné ici. Le temps est pluvieux et je profite d’une accalmie pour me rendre directement à l’extérieur voir les baleines et les loutres de mer. Je découvre un bébé false sea killer, une espèce que je ne connaissais pas entre le dauphin et le béluga, comme un dauphin gris au museau atrophié. Il est joueur. C’est un rescapé.

Je découvre que les animaux de l’aquarium sont sauvés d’une mort certaine et n’ont pas été arraché à leur milieu naturel uniquement pour le profit. A l’enclos des loutres, je suis stupéfaite. Habituée aux fines loutres de rivières, celles ci me paraissent énormes et velues. De grands chiens ! Elles ressemblent à de longs castors. Actives, elles nagent. Je reste de longues minutes à les observer. On a envie de leur faire des câlins. Je suis fascinée. Les belugas eux aussi ont leur charme. C’est une forme spectrale blanche, presque fluorescente dans les eaux noires. J’apprécie que le « show » ne soit que des jeux simples qui permettent aux soigneurs de vérifier la santé des animaux plutôt que des pirouettes. Ces petites baleines blanches me faisaient peur avant. Depuis mes bélugas sauvages de Tadoussac, le musée et maintenant ceux de l’aquarium, je trouve ces animaux attendrissants et beaux. Comme quoi la beauté est subjective.

La tortue est immense et flotte au dessus de moi. Les aquariums sont beaux mais mes rencontres les plus fortes restent loutres et belugas.

29/10/15

Rencontre avec une clocharde dans le bus. Elle quémande 4$ pour nous avoir inutilement et contre notre gré guidées jusqu’à la gare. Un départ étrange de Vancouver.

Long trajet mais plaisir étrange d revenir à Montréal pour quelques nuits, 2 mois plus tard. La boucle est bouclée.

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