» Tu fais quoi dans la vie? » dans 99% des cas, la réponse est « Je suis [INSERER L INTITULE DU POSTE] »

Si on s’attarde sur la syntaxe, on passe d’une action à un état. Ce constat est déjà piquant. Nos actions nous définissent, parfois. A mon sens il est primordial de laisser l’action plutôt que l’état. L’être est changeant, le figer dans une définition d’état me semble mauvais pour le bien-être.

Et puis, à ce verbe d’état, il est rare que l’on adjoigne un nom qui concerne les loisirs ou les caractéristiques propres de la personne.

Bien souvent, on va avoir un nom de métier plutôt qu’un trait de caractère et un loisir. Pourquoi?!

2019/2020, j’étais éperdument rassurée  » Tu fais quoi dans la vie? », « Je suis professeure des écoles« . Ok, je me suis trouvée à hésiter entre l’intitulé correct mais légèrement pompeux, ou utiliser « instit », plus léger, clin d’œil à Klein, mais obsolète et inexact. C’est un autre problème dans le problème. Et puis, à répéter cela à tout va au fil de mes rencontres, je l’ai intégré. Mél, maîtresse. Mel prof. Mel préposée aux gommettes. Même mon compte Instagram prônait mon poste professionnel. Tout comme la première ligne des informations Facebook, juste en dessous du nom.

S’en est à se demander qui était-je avant d’enseigner? J’étais chargée de com’. Oui mais avant? J’étais assistante forfaitiste. Oui… Mais encore avant? J’étais conseillère en séjour. ENCORE avant avant ? J’étais étudiante. Et avant ça. J’étais une saisonnière. Et au commencement? J’étais une enfant.

L’âge adulte commence-t-il par le travail? Et pour tout ceux qui ne peuvent pas travailler? Cela fait-il d’eux des sous hommes? Des demi-adultes? NON!

Avant, je pensais que mon métier me définirai et m’aiderai à être rassurée dans cette vie. Aujourd’hui, je sais que ce n’est pas vrai, mon métier m’angoisse. Ce n’est qu’une obligée facette de moi. Demain, j’espère très vite ne plus être dépendante et prisonnière du monde du travail. Pourquoi doit-on travailler pour vivre? Qu’apportons-nous vraiment? A qui, à quoi? Telle une mule têtue, plus on me force, plus je renâcle. Plus je suis libre, plus je me donne de bon cœur.

Qui a décidé qu’il fallait souffrir et faire des efforts aux profits de tiers pour vivre? Parce que cultiver son jardin et élever ses bêtes, éduquer ses enfants, ce n’est pas une sorte de travail, mais de travail nécessaire et volontaire? Pourquoi un retour à l’essentiel n’est pas envisageable? Pourquoi si je souffre, si j’ai souffert, les autres devraient souffrir aussi? Je souhaite à chacun de pouvoir vivre de sa passion, vivre sa passion sans la pression que celle ci ne soit pas rentable ou viable, je souhaite à chacun de s’épanouir dans sa vie par tous les moyens possibles sans que ce soit par le sacro saint travail exclusivement. Je souhaite à chacun des prises de décisions et des libertés réelles.

Dès aujourd’hui, je m’engage à répondre à la question « tu fais quoi dans la vie? » :

 » Comme je suis très curieuse et créative, j’adore tester plein de nouvelles expériences. J’ai un blog, qui m’aide à penser tout haut, me permet d’écrire comme j’aime. J’aime la musique, j’apprends la guitare et la harpe, et je gribouille de temps en temps. Je monte à cheval, très mal mais j’ai bon espoir de progresser. J’adore vadrouiller, danser, lire, rire, je suis ce qu’on appelle une bonne vivante, même si parfois, j’ai besoin de rester en hibernation dans ma bulle. Je ressens les émotions des autres, et les miennes très fort. J’essaie de mettre à profit cela pour donner du bonheur autour de moi, et remplir mes bagages de bons moments partagés. Voilà quelques choses que je fais dans ma vie bien remplie. Et toi? »

Ma vie, ce n’est pas mon métier, c’est bien plus que ça.

Et toi, tu fais quoi dans la vie ?