CE2/CM1… Retour à la case départ !

Une nouvelle en amène une autre! Après avoir reçu mon MASTER ENSEIGNEMENT par voie postale 3 ans après l’avoir obtenu, mieux vaut tard que jamais, j’ai aussi eu connaissance de ma prochaine classe en Septembre 2022.

Ceux qui ont lu l’article de la rubrique « maîtresse en panique » de janvier 2022 savent que je me suis épuisée et écœurée à la tâche du  » plus beau métier du monde » professeur des écoles. Pour autant, je n’ai pas envie de bazarder mon rêve d’enfant, mon concours et surtout, j’ai une belle opportunité. La chance d’être tombée dans une équipe très compréhensive, humaine et solidaire. Mes collègues acceptent de remanier la répartition et les classes pour me permettre de quitter le multiniveau TPS/PS/MS/GS dans lequel je pataugeais jusqu’à la noyade pour me confier un CE2/CM1 à la rentrée. Déjà j’entends les « ohlala un double niveau! Ce n’est pas facile ça« . S’il vous plait, j’essaie de me convaincre que ça se passera bien et que ce sera mieux que les 4 niveaux de maternelle, alors soyez aussi optimiste que possible.

Autant vous dire que la reprise est compliquée. Ma tête d’autruche fouille profondément dans le sable. Malheureusement ce la ne peut durer éternellement. J’ai RDV dans cinq jours avec une collègue qui aura une partie des CM1 pour nous mettre d’accord sur les méthodes à utiliser, les matières et préparations à se répartir. J’ai donc 5 jours pour me renseigner et préparer une ligne de travail… Au secours ! S’il y avait un gros avantage à la maternelle, c’était la liberté de créer et le peu de compétences des programmes. Il était très facile de travailler par projets et de couvrir l’ensemble des domaines et des compétences. En cycle 2 et 3, j’ai l’impression d’être beaucoup plus bridée et encadrée ce qui d’un côté peut me permettre de ne pas déborder, d’un autre côté me semble ajouter une quantité de travail monstrueuse.

Les nouvelles modalités pour un retour apaisé et serein en classe :

  • Enfants plus grands, ayant déjà acquis la posture d’élèves (que ce soit pour la discipline, la gestion de vie de classe, et l’ergonomie, plus facile)
  • Travail en binôme sur le CM1 ( l’isolement en unique enseignante maternelle de l’école m’a beaucoup pesé cette année, un travail d’équipe me conviendra sûrement mieux)
  • Une équipe solidaire et compréhensive (qui a su me laisser le temps, me donner des aménagements et saura quelles sont mes difficultés)
  • Un travail sur mois de 6 mois pour lutter contre le perfectionnisme, l’envie de sauver tout le monde, m’accorder des temps de loisirs, de repos et de décompression réguliers.

Craintes :

  • Gestion de classe avec des plus grands et tenir le programme
  • Relation parents, peur de décevoir encore ou de ne pas être à la hauteur
  • Me noyer à nouveau dans le travail

J’ai toujours voulu, depuis le début mettre beaucoup de moi dans mes préparations de classe. La première année, j’ai marqué avec le dragon géant de 3 grains de riz et baptisée la maîtresse aux escargots, la deuxième année, l’exposition Van Gogh et les plantations de tournesols ont fait sensation et j’ai vraiment savouré la classe de GS où j’ai mené des projets danses, théâtre, arts qui me tenaient à cœur ( Casse noisette, Roule Galette, Takashi Murakami, Monet…) et puis l’année dernière, enfin cette année, entre Loup, Paddington et la reprise de séquences d’avant ayant échouée, je me suis perdue. Quand ça fonctionne, c’est gratifiant d’avoir donné de soi, autant. Il arrive aussi souvent que ça ne fonctionne pas et là, la pilule passe très mal.

J’ai cette peur de dispenser un enseignement dénué d’âme si je suis des méthodes. J’ai cette peur de me perdre encore à vouloir tout donner.

Le temps, le plus important

Sans aborder l’obligation de donner de son temps pour avoir le droit de vivre me picote, le temps reste tout simplement la monnaie la plus précieuse que je peine à dompter. En effet, je passais énormément de temps à préparer des outils, fabriquer des jeux, les suivis des enfants… A contrario, je ne voyais pas l’intérêt de rédiger des séquences précises ou des cahiers journaux trop étoffer à destination non pas des enfants mais de l’inspection. Et, si j’accepte que plus la préparation sera correcte mieux la séance se passera (il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis comme on dit), je reste tout de même réticente à cette pratique chronophage de rédaction de séances et séquences détaillées. L’essentiel, c’est que je comprenne mon plan de travail et pas qu’il soit compris par un tiers.

J’ai donc peur de repartir dans mes travers de création et de passer trop de temps à créer. D’être dans l’obligation de devoir rédiger beaucoup plus et beaucoup mieux mes séquences (que je partagerai avec ma binôme cette fois), de m’atteler aux corrections de cahier, nouveauté après la maternelle et finalement, peu à peu arrêter le sport, arrêter les arts, délaisser la lecture, la méditation, le jardin et les moments en famille et entre amis, ou le faire mais de façon chronométrée et pas détendue.

Comment fait-on quand on travaille avec l’humain, le relationnel, le vivant pour ne pas se laisser manger par le travail? Comment ne pas se donner toute entière, au prix de sa santé?

Oui, je remercie qu’on me donne une seconde chance. Oui, j’ai aussi très peur de rechuter et de ne pas m’adapter à ce milieu. Non, je ne sais pas quoi faire d’autre.

La part libre et têtue de mon être veut réfléchir à un plan de sauvetage, un plan B, un moyen de ne pas être prisonnière de mon métier, de mon statut. La partie volontaire et raisonnable me dit de m’appliquer à la tâche, sans quoi je risque de tout ruiner par anticipation.

Et en attendant…. Je ne sais toujours pas quels outils ni quels méthodes seraient les meilleurs pour moi comme pour les élèves.

AVIS AUX ENSEIGNANTS, je suis preneuse de tous conseils bienveillants, toutes pistes de travail, toutes références ou documents. Merci d’avance.

2 réflexions sur “CE2/CM1… Retour à la case départ !

  1. Latmospherique dit :

    Je ne suis pas enseignante mais je comprends tes doutes et questions, parce que j’imagine que j’aurai les mêmes dans cette configuration.
    Il semble malheureusement que beaucoup se perdent dans les métiers de l’humain, parce qu’il n’y a souvent pas assez de moyens et beaucoup d’attente.
    Peut-être ne pas trop se focaliser sur ce que pourraient penser les parents et faire ce qui te semble le plus juste pour toi et les enfants, voir ce qui fonctionne au fil des semaines et lâcher ce qui ne fonctionne pas.
    Courage et bravo pour cette nouvelle aventure!

    Aimé par 1 personne

  2. laruchedemel dit :

    Merci pour ce retour plein de bonnes ondes, de soutien et de bienveillance. Effectivement, pas simple le regard des parents et les exigences, je vais mettre de côté. Merci pour la compréhension et les conseils 🙏

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