Chanson d’espoir, chanson positive, chanson pour se faire du bien. A écouter sans modération. Prière pour soi
Ne plus minimiser, ne plus fermer les yeux, faire tomber le voile
De plus en plus, je me détourne de mon nombril contrairement à ce que ce blog pourrait laisser penser et je m’investis intellectuellement dans le féminisme. Pas que j’ai déjà été contre loin de là. Mais il y a une différence entre être pour et ne pas se sentir concernée. Et je ne me sentais pas concernée. En fait, j’étais en pleine misogynie intégrée :
Parce qu’on m’avait appris que si je m’octroyais le droit à tout sans distinction, rien ne pouvait m’atteindre. Je suis blanche, mes parents sont dans la moyenne haute socialement, je suis douée à l’école, je n’ai pas de difficultés particulières. Enfant, j’aime jouer avec les garçons. Je suis polie et souriante, ça ouvre des portes. Je grandie. Ambiguë et ambivalente, je parviens à jouer de ce qui pourrait me rabaisser. Et je fais de mon charme un atout plutôt qu’un poids à traîner. Je souris effrontément aux « Eh t’es bonne », c’est un pauvre gars qui n’a pas appris à parler aux filles. Une main qui glisse dans le bus sur ma fesse, un accident, ça peut arriver. Non merci, non vraiment je ne veux pas de ce verre, non je ne veux pas danser… Bon je vais lui faire plaisir… Sa langue dans ma bouche, c’est un peu plus qu’une simple danse, je ne veux pas, et je ne veux pas d’histoire non plus, il n’y a pas mort d’homme. Pas mort d’homme. Et de femmes?
Je m’en veux et je culpabilise (comme souvent) de m’être laissée embrigadée dans la pensée misogyne, patriarcale, écrasante, dans la minimisation, dans le « c’est pas grave » qui m’insupporte, dans la validation de l’intolérable. Je me dis qu’en commençant à lutter, je peux aider les autres. Au moins j’ai été épargnée.
Et puis un matin de novembre 2020, le réveil est étrange. Réminiscence de souvenir. Je vérifie sur les réseaux. La soirée. Le rdv. Tout concorde. Tout sauf le trou noir et le réveil, des mains sur ma poitrine nue. Des mains que je n’avais pas autorisées. Et puis je ne peux pas bouger. Il me fait pitié. J’ai peur. Je ne peux pas bouger. Est ce que ça va empirer? Est ce qu’il y a eu pire pendant le trou noir? Un sommeil lourd? Le mystère reste. Je ne sais plus ce que je dis. Si je peux parler. « Tu l’as bien cherché » , « Naïve », « Idiote », « tu es venue te faire héberger, t’assumes »…. Culpabilité est en boucle dans ma tête. Il me faut un an pour tourner la page, plus de 7 ans après les faits pour accepter que non, une femme de 21 ans n’a pas à se faire toucher contre son gré, dans son sommeil par un prétendu « ami » de 20 ans de plus. Je ne suis pas coupable.
Une chanson qui m’a bouleversée. Une claque dans la figure. Un peu comme le bouquin « le choeur des femmes ». La chair de poule. On pense sûrement tous et toutes à soi ou des copines en écoutant ça :
Eduquer les enfants
Et puis réveillon, on parle de gens. Et là. J’ai 5 ou 6 ans, un goût d’urine dans la bouche, une main sur ma tête. Il veut un bisou avec la langue sur le zizi. Moi, je ne veux pas. Je ne comprends pas ce jeu bizarre. Il insiste. Il me force. Je finis par céder pour lui faire plaisir et retourner à mon puzzle Dumbo. Je ne veux pas parler de ce qui me blesse le plus dans cette histoire. ça n’est pas le sujet. Juste que cette seconde réminiscence de souvenir violente montre que dès 6 ans je me suis formatée à « faire plaisir » en endurant. Et qu’à 7 ou 8 ans, un petit garçon a trouvé normal de me forcer.
On ne sait pas à ces âges là. Il n’y a pas de mots. Pas d’explications. Mais il y a des actes. Des inscriptions dans le comportement, dans la construction de l’être.
Alors ne hiérarchisons pas les douleurs et les traumas. Il y a des viols plus audieux, plus insidieux, plus violents, plus douloureux. Il y a des personnes qui subissent des actes ignobles, qui sont touchées et bouleversées à vie. Il y a des limites dépassées encore plus loin, des conséquences plus définitives, plus tout. Je ne me plains pas. Je ne veux pas être plainte. Juste pour montrer qu’à ma petite échelle, en pensant avoir une histoire sans troubles, sans orages, sans soucis, sans discrimination sexuelle… Je me trompais moi-même.
Voici 2 chansons , la réécriture par Barbara Pravi version filles, l’originale d’Eddy de Preto pour les garçons. Qui montre le ridicule et le poids des clichés sur les épaules des enfants. Un peu de liberté et de douceur s’il vous plait.
Un post pour de jolies chansons fortes et intelligentes, un message de soutien à toutes les femmes qui ont un jour eu à subir de la misogynie, des remarques, des violences, de la discrimination… Bref. On se soutien, team abeilles légitimes et solidaires au féminin.
Un post pour constater l’évolution de mes souvenirs, de mon vécu, de ma pensée.
Un post pour dire qu’il n’est pas honteux d’être ce que nous sommes et d’avoir chacun un vécu unique et pourtant commun. Parfois tristement commun et banalisé.
Merci pour ta confiance en partageant ces bribes de vécu, douloureuses. Malheureusement nous sommes beaucoup à avoir été éduquées (parents, société, religion parfois, école) dans l’idée que nous devions « faire plaisir ». Et le résultat c’est la violence des expériences à tout âge.
C’est terrible et c’est aussi important d’en parler.
Les chansons sont très bien trouvées et oui les clichés sont encore monnaie courante, très, trop souvent.
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