Togo 12 – Bléou Bléou

De nouveau, je sens une démotivation générale vis à vis du festival. Un blocage que je ne m’explique pas. Des soucis financiers par les démarches gratuites mais finalement payantes, l’essence des réservoirs de motos se vidant un peu trop vite et les aléas des retards.
Mis à part ces désagréments professionnels, je semble être la plus heureuse de l’équipe volontaire. La plupart me semblent blasés, déprimés ou indifférents. Je savoure l’atmosphère du pays, les habitudes et mon quotidien, si différent de celui qui m’attend en France.

Je me laisse amadouer par la chef des femmes me couvant de son regard rieur et je me lance. Je donne mon premier cours de français aux femmes du village. Je suis un peu gauche et hésitante. Ces femmes pourraient être mes mères, mes grand-mères ! Qui suis-je pour leur expliquer la vie? Force est de constater que l’illettrisme est grand ici. Je suis la plus érudite en orthographe et en grammaire. Elles sont là pour ça et attendent mes directives. Elles sont là, les coudes sur le petit banc de bois, les genoux à même le sol. Nous ne parlons pas la même langue et pourtant nous parvenons à communiquer. La planche de bois faisant office de tableau est installée sous l’arbre du savoir devant chez la chef des femmes. Elles sont quatre à cinq, la dernière peu décidée aujourd’hui. Je leur indique au hasard les lettres de l’alphabet sur le tableau. Elles ne parlent pas français, mais elles commencent à connaître l’alphabet. De plus en plus vite et dans le désordre. J’ai difficulté à analyser quel rythme adopter pour que cela soit constructif, à leur niveau sans être trop ennuyant ni trop difficile. Dans quelques mois, une autre personne prendra la relève, et ainsi de suite. Il faudra alors s’apprivoiser de nouveau, peut être repartir de zéro dans l’apprentissage. L’initiative est très bonne et enrichissante, la réalité un peu plus bancale qu’espérée. L’un des enfants, souffle volontiers les réponses sur les syllabes, un peu plus compliquées à déchiffrer. Elles sortent leurs cahiers et après la lecture, place aux exercices d’écriture. Entouré des maisons en terre, au milieu des baobabs, tout cela semble dérisoire, et pourtant, si elles parvenaient toutes à lire et écrire, les choses pourraient évoluer. Peut-être. Est ce bien ? Est ce mal ? Je n’arrive pas à répondre. Aller au village est un plaisir devenu un besoin presque vital. A chaque fois, je ressens le même dépaysement, comme un soulagement. Toute la pression et le côté lourd de la maison disparaît et je me sens légère et vivante au village. C’est une sensation que j’essaie de décrire mais je n’y arrive pas. c’est trop fort à l’intérieur.

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