La vie s’écoule toujours paisible. Les préparatifs du festival sont de plus en plus concrêts. Je passe mes samedis matins au marché à marchander les denrées nécessaires et le matériel. J’ai rencontré tous les groupes et les prestataires. Convenu avec les femmes un planning pour les bénévoles et les cuisinières. Les affiches sont en cours d’impression. Les banderoles en élaboration. Le projet se présente bien.
Nous partons après plusieurs weekends confinés au village.
L’objectif est de visiter Togoville, que j’ai jusque là à chaque fois manquée. Le taxi brousse est un rituel que nous maitrisons désormais, de l’endroit où l’attraper, des zones de changements et des prix. Un peu avant la capitale, le taxi nous arrête afin que ma colocataire puisse retirer de l’argent. La carte bleue est avalée. Le responsable nous dit de revenir lundi. Nous sommes samedi. Ma paisible colocataire devient en quelque seconde d’une persuasion et d’une fermeté que je ne lui connaissait pas. Le taxi nous prévient qu’il ne nous attend pas. C’est maintenant ou jamais. Nous voilà piégés au milieu de nul part, sans la carte bleue, sans argent et bientôt sans taxi. Nous attendons pourtant, impensable de repartir sans la carte. La mienne est bloquée et notre dernier compère n’ose pas risquer de voir la sienne se faire avaler.
A force d’obstination, on retrouve la clé de l’automate et on rend le précieux sésame monétaire.
Il faut retrouver un taxi. Après plusieurs taxis et différentes banques en périphérie du port de Lomé, nous pouvons enfin envisager de prendre la route vers notre but : Togoville.
Un guide nous propose ses services directement à notre arrivée. Je m’amuse de voir la gestion « touristique » balbutiante du Togo mais prends quelques photos et pose quelques questions pour mon rapport. C’est agréable pour une fois d’avoir en face de soi un professionnel. Il nous emmène déjeuner dans un bouiboui habituel.
Ensuite, nous partons en direction de la maison aux esclaves.
Une maison de type colonial, toute simple. Le guide nous explique la dernière visite du président, les dates et la construction de cette maison par les portugais. Je ne retiens pas tout, je m’imprègne seulement de l’ambiance et l’atmosphère pesante qui règne ici. Au ras du sol, des ouvertures comme des bouches d’égouts. C’est le passage des esclaves pour atteindre l’endroit où ils seraient «stockés» jusqu’au départ des bateaux, sous le plancher. Nous entrons dans la maison. Le parquet est d’origine. C’est pourquoi nous ne pouvons marcher à certains endroits. Une trappe ouverte dans le sol. Le guide nous invite à descendre. C’est là, en position accroupie, sur la terre battue, cette même terre sur laquelle se sont trainés, ont déféqués et sont mort les futurs esclaves d’Afrique. Je contemple ce petit espace étouffant en imaginant tous les corps entassés. C’est impressionnant. Ils entendaient les négriers au dessus, festoyer et violer les leurs… Je suis émue. Avoir un regard depuis l’Afrique sur l’esclavage qui les a traumatisé. Les paroles des chansons reggae ressemblent a des prières et des discours de prêtres américains. Elles sont en hommage à cette période, blessure jamais vraiment guérie. La visite est courte, je salue néanmoins l’effort du service touristique et l’honnêteté.
La balade en pirogue est moins sauvage qu’à Aneho. Le bateau est plus grand, on peut s’assoir correctement. Il y a d’autres yovos.. Nous traversons le lac Togo. Les pêcheurs, leurs radeaux de bois à voiles et les filets cassent la ligne d’horizon. Les couleurs oscillent comme toujours entre l’ocre, le vert luxuriant et le gris du ciel. Ce ciel jamais bleu, voilé par la luminosité du tropique. C’est un peu long mais apaisant.
Arrivés à Togoville, surprise. Nous pensions à une ville agitée et bruyante avec plein de gens et de nombreux attrape-touristes.
C’est désert, tranquille et reposant. La visite se révèle agréable à flâner dans les rues, voir les fétiches, les statues et les arbres.
Nous retrouvons les autres à Lomé. Journée plage. Séance photos de notre groupe de Yovos presque au grand complet, jeux de sable, de vagues et euphorie de l’amitié du voyage.


























Souvenirs d’un passé glorieux
Ai parcouru le Togo il y a longtemps, vécue à Bobolecopé ( cela ne s’invente pas)
Merci pour ce réveil de souvenirs
Patrick
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