L’âge déraison

Armada 2019

Il est une période d’or où l’ont peut jouir des droits d’adultes sans forcément en subir les désagréments. la majorité est sensée amener un adolescent dans le monde adulte, à prendre des responsabilités, devenir raisonnable, réfléchi. Bref, c’est ce qu’on pourrait appeler communément, l’âge de raison. Sauf que dans la réalité, c’est une toute autre histoire. C’est ce qui devrait au contraire s’appeler l’âge de déraison. C’est l’âge où la liberté amène à tester ses limites, faire des excès sans penser aux conséquences. L’âge déraison a été pour moi étalé sur une période allant de mon dix huitième anniversaire jusqu’à la rentrée en études supérieures. Le confort du foyer familiale et la douce folie des premières expériences. C’est une période de rencontres, de nouveaux départs, de toutes les possibilités. On se sent libre de pouvoir se lancer à la conquête du monde, avoir la vie la vraie à portée de main. Se trouver tous unis dans la même insouciance, la même quête des plaisirs et de la vie. Se jeter tous ensemble dans la folie des excès, se laisser plonger dans les flots alcoolisés, s’envoler dans les nuages de fumées aromatisées, se laisser porter par la musique, par les lumières tamisés, le monde de la nuit qui dit « oui » à tous les interdits. S’enivrer du bonheur d’être jeune. De savoir que la vie nous attend. L’âge déraison est un entre deux, une parenthèse entre la sage adolescence et la vie d’adulte. Il permet tout. De laisser libre cours à toutes ses envies. A toute la folie de la jeunesse, à toute ces énergies enfantines et ces nouvelles pulsions d’adultes. 

L’apogée de cet âge déraison s’illustre par deux images distinctes. La première. Un feu de camp, au milieu d’un immense jardin, des feuilles de cours brûlées pour marquer la fin d’une époque, et, telle une tribu indienne, la ronde hypnotique autour du feu, avec les chants, les cris qui s’élèvent dans la nuit étoilée. Et la bataille de foin, la valse des bouteilles, des corps déchainés sur des airs qui s’envolent dans la fraicheur de la nuit et pourtant c’est un souvenir de chaleur. De chaleur humaine. De bonheur, d’insouciance, de sérénité, d’euphorie, de douce folie. La nuit, les étoiles, le foin, la musique, l’ivresse, le feu, tous ensemble réunis dans ce cadre onirique. C’est là, au coeur de la nuit, du groupe, de la musique et des folies que mon âge déraison s’est pleinement exprimé. 

Il s’est aussi manifesté sous le soleil, toujours dans l’esprit de groupe. La jeunesse trinquant à la douce ivresse de la paresse. Un été en bande, unis dans cet âge d’or contre tous et ensemble dans les délires les plus absurdes. C’est un été dans l’absurde, la joie, la bonne humeur et l’amitié. L’absurde sentiment d’être forts ensemble, invincibles dans nos joies et notre jeunesse. Se laisser porter par les mouvements de groupe, sous les rayons du soleil clément, dans l’air salé de la place, et les flots de musique autour de l’eau chlorée de la piscine qui n’appartient qu’à nous. La villa sans dessus dessous, la chanson du jour et les guitares, les nuits allongés tous ensemble sur la terrasse à regarder les étoiles, perdus dans des pensées lointaines, dans un délire qui n’appartient qu’à nous. Se rapprocher les uns des autres et puis être liés par ces moments d’insouciance. Des enfants irresponsables sans autorité. 

Ces deux périodes restent les plus lumineuses, les plus claires, les plus euphoriques et magiques qui me reviennent de cet âge et je les regrette nostalgiquement. L’age déraison est il toujours? 

Soirée Post bac un soir de Juin 2011

1 au 6 Aout 2011 les Issambres. 

J’ai écris ce texte à 19 ans. Rétrospectivement mon « adulescence », l’âge déraison s’est étendu jusqu’à 25 ans, avec les sorties, les excès, les voyages… Aujourd’hui, à mes 29 ans, j’assume enfin de pleinement vivre ma crise d’adolescence ( mieux vaut tard que jamais ), couper le cordon si épais et tortueux avec mes parents et m’affirmer. Pas facile, mais on y arrive. A tous les adolescents et adulescents qui me lisent. Il faut prendre conscience de ses failles, accepter ce qui est, ouvrir les yeux sur le passé. Se dire que c’est ok. Pardonner et ça va aller.

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