La jeune fille à l’ombrelle

Un texte en réponse à un défi Scribay, il y a quelques années. J’ai choisi d’écrire sur le tableau de Monet qui m’a fait pleurer quand je l’ai vu pour la première fois au musée d’Orsay : la jeune fille à l’ombrelle. Je ne saurai pas dire si ce sont les couleurs, le sujet, la presque sensation du vent et les odeurs des herbes folles en regardant le tableau, l’identification à cette jeune fille sans visage, mais il m’a bouleversée.

Seule au sommet de cette falaise fleurie, elle domine le paysage. Les fleurs s’affolent sous la brise, les nuages s’éparpillent dans le bleu perçant d’une belle journée de printemps et elle se tient droite au cœur de cette nature agitée. Stoïque dans un tourbillon de lumière, sa silhouette tranche l’air ambiant.

La jeune femme brandit son ombrelle au dessus de sa tête. Un bouclier contre le soleil. Il n’aura pas raison de sa peau, déjà rosée par ses rayons. Fière, régnant sur sa colline, son regard se perd dans l’immensité, elle restera le temps qu’il faudra. Jusqu’à ce qu’il se couche. Elle l’observera se noyer derrière la ligne d’horizon. Elle patiente.

Son visage est dissimulé derrière un fin voile bleuté, se confondant avec le ciel. Les dentelles blanches de sa robe ondulent dans le vent, dessinant des arabesques aussi douces que les nuages. Au fil de son attente, les éléments l’apprivoisent. Plus elle s’oppose à la vie environnante, plus elle s’intègre à cette nature.
Le soleil déclinant, la lumière s’adoucit, les couleurs passent au pastel. Les herbes folles se reflètent le parapluie. La robe se mélange aux pétales de fleurs. Le voile est happé par le ciel. La jeune femme incarne les lieux.
une fleur rouge est accrochée à son flanc gauche. Elle se démarque, rouge sang, comme une blessure naissante sur le costume d’un officier fusillé. A l’image du militaire, la femme reste dressée sous son parapluie. Elle ne plie pas.

Un instant, une heure, l’éternité s’écoulent. Le soleil tient bon, elle aussi. Aucune émotion ne parait sur son visage dissimulé derrière le foulard. On ne sait quel combat intérieur se joue.
Va-t-elle sauter dans le vide? Un cri va-t-il sortir de sa gorge? Attend elle quelqu’un?
Qui est-elle?

Le mystère reste entier. Subsiste le souvenir fort, l’impression indélébile de cette femme intemporelle, la féminité absolue surplombant le paysage, forte et optimiste. C’est Toi, C’est Moi, C’est toutes ces femmes. Ou aucune. Peut importe. Elle se dressera là le temps qu’il faudra.

La femme au parapluie, sur la colline fleurie, un bel après midi d’été.

Jeune fille à l’ombrelle tournée vers la gauche, (Essai de figure en plein air) Claude Monet, 1886, Musée d’Orsay Paris. Huile sur toile 131x88cm.

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